mercredi 18 juin 2008

Dans la peau de Plop Monsieurvitch

-Une photo que j'ai pris de l'avion.
-...
-Je rigole.



Salut mon petit père, mon Polo...

Aujourd'hui c'est à toi que j'vais causer. Plus qu'un mois et demi avant ton départ et voilà pas qu'tu t'met à douter. Moi, São Paulo et mon père, Brésil, on t'as accueillis comme un roi venus de la vieille Europe. Tu n'étais pas le premier à débarquer de là bas, alors on sait y faire avec les garçons comme toi. Et tu sais toujours pas quoi penser de ton départ, rester : oui, partir : oui aussi...Rinnnnn, un peu lourd coco ! Rafraîchis toi la mémoire, dis toi que déjà, ce que t'as fais ici c'est pas mal... Tu peux (ne pas?) partir tranquille.

Rappel toi, le premier jour...

...wiuwiuwiu... flashback...wiuwiuwiu...fondu au flou, depuis ma chambre de Butanta où je suis en train d'écrire. Y trônent, sur mon unique commode, les vestiges de mes ballades, cailloux du Roraima, Or d'Ilha Grande, coquillages d'Ushuaïa. Mes trophées, mes fiertés...wiuwiuwiuww...flou... et mise au point sur un jeune homme, assis dans un aéroport géant, le "Guarulho international airport", nous sommes le quinze janvier de l'année deux-mille sept, il est six heures du soir...

Il a une jolie p'tite barbe, une casquette rouge et les cheveux longs qui lui font comme des bouclettes derrière sa nuque. Il vient de passer plus de dix heures dans le Paris/São Paulo de neuf heures. Il est assis sur un bloc, perdus, dehors la nuit est tombé et il doit faire vingt degrés, on est en hiver au Brésil.

-Eh ! Mais c'est moi !

Oui, ferme là.

Il mime le type blasé, celui qui sait où il est et pourquoi il y est. Mais ton esprit, Polo, ton esprit lui il ouvre grand les yeux. Tout ce qui passe, toutes ces annonces dans ce charabia que tu ne comprend pas encore, tout doit être imprimé, retenus. Tu n'a jamais inspiré, ouvert les poumons de ta mémoire, aussi profondément, c'est une première et tu ne t'en rend même pas compte, tu n'en as pas le temps !
Une jolie fille, blonde, dans un survêtement bleu au dos duquel est imprimé en lettre capital "BRASIL", passe et te fais un beau sourire. Tu es content, ça rassure, quelqu'un t'a dit "bienvenue!". Tu regarde les plantes vertes du hall, tu regarde le dallage de marbre, les piliers de béton, les serveurs du café habillés en pingouin, les familles qui se réunissent, les couples qui se quittent, tu regarde, regarde, regarde. A ce moment précis, tu pourrais avoir cinq ans, tu te sens tout pareil. Téléporté, avionnisé, d'un bout à l'autre de la Terre, tu t'es catapulté en Amérique.
Arrivé, tu n'y crois même pas, personne ne t'attend, tu es seul, tu vas enfin te frotter à ce dont tu à toujours rêvé : ta foutue liberté. Mais bonhomme, tu es dans dans la cinquième plus grosse ville du monde ! éhéh, t'as pas fini de rire !
Alors c'est la mission, il faut te lever, prendre tes bagages, sur ton dos parce que tu ne sais pas encore que dans les aéroports, les caddies, c'est gratuit ! Et puis tu vas acheter un ticket de téléphone pour appeler un type qui, deux jours avant que tu ne parte, t'as dit "-Ok, tu peux dormir chez moi", Gustavo, qu'il s'appelle.

Acheter un carton de téléphone. Tu baragouine de l'anglais, non ça marche pas. Tu t'essaye aux bribes d'italiens qui te reviennent de ton Bac, passé il y a déjà six ans. Bof, pas beaucoup mieux, mais tu fini par l'avoir ton carton. T'es un vrai winner toi dis donc ?!

-Ouais! Je sais !

Gustavo parle en français au bout du fil : Aaah t'es content, hein ! Tu te voyais déjà montrer tout ce qui t'entoure du doigt en disant: "-ça, caillou !" ou encore: "-Toi, Gustavo, moi, Paul". Couillon, va ! Comme les conquistadors lors de leur premiers contact avec les indiens peut être ? : "-Moi chef, toi, ta gueule".
Ton humour caustique à deux balles ne fera pas d'étincelle ce soir, mon cher.
Quoi qu'il en soit, ton sauveur va passer te chercher, mais dans trois heures... ça fais déjà deux heures que t'attend, mais ça c'est vrai que tu t'en fout pas mal. Tu es arrivé à São Paulo !
Excellent ! Trop bien ! Tout le monde t'as dit que c'était peut être la ville la plus moche du monde et toi t'es super-hypra-heureux d'être là ! Alors là je dis chapeau coco, t'es le meilleur !
São Paulo, El Dorado, ça rime après tout et surtout c'est sur le même continent !

Alors à toi la grande vie.

Cinq heures plus tard, après que Gustavo soit venus te chercher dans son rutilant 4fois4 Ford, tu es en terrasse du "Filial", café historique du quartier festif de São Paulo, Villa Madalena. Des pingouins te servent ta première Caïpirinha, Gustavo te regarde en souriant et en te parlant des filles d'ici. Tu ne l'écoute pas vraiment, la caïpirinha, que plus tard tu appeleras familièrement "caïpi", c'est bon, ça goûte, tu te dis. T'es gentil, t'es un brave gars, tu sais plus où t'habite, bienvenus sur la lune, Polo. Bois un coup, va.

Et maintenant je te regarde, depuis ma casinha de Butanta, mon petit père, petit frère, tu peux être fier, c'est déjà pas mal ce que tu as fais ici, ouais, ça vaut bien un retour direct São Paulo/Paris, avec l'avion de seize heures... Samedi trente juillet de l'an deux-mille huit.

D'ici là, fais ce que tu dois faire, dire au-revoir à ton Amérique à toi.

-Encore une photo que je n'ai pas prise, mais que j'aurais pu. Elle à été faite de l'Edificio Italiano, pour ceux qui connaissent. En face c'est la "vague" de Niemayer, j'aime bien ce building. Derrière, c'est la Paulista.



Pendant que j'écrivais ce post, j'écoutais "Modest Mouse", l'album "We Were Dead Before The Ship Even Sank" paru en 2007, qu'est pas mal du tout, enjouer quoi; sinon je buvais de la bière "Antartica" et fumait des cigarettes "Carlton" (les meilleures du monde).

Merci à Prada, Hugo Boss, Bentley et Haribo d'être des marques.



1 commentaire:

n’roll a dit…

hé ouais bonhomme, au pays ça nous fait plaisir de savoir que tu reviens bientôt. Tu sais la France est dans un sale état et pas mal de gueules cassées attendent ton retour pour construire les nouvelle bases d'un grand mouvement de libération de l'Homme en suivant tes principes à la lettre : plus de trains, les déplacements s'effectueront en camion et caïpi en terrasse pour tout le monde à partir de 17h











et sinon, ma soutenance s'est très bien passée. je suis libre désormais, quel plaisir !