mercredi 23 janvier 2008

Faux départ !



Bonjour toi !

Bon, c'est un faux départ,

Je suis encore chez moi, à São Paulo. Mais, j'ai trouvé un camion pour Brasilia, il part demain matin !

C'est trop du jeu de paume !
(de la balle en anciens français)

Voilà, j'téxplique, hier je suis arrivé un peu tard dans le Marché d'Intérêt National de São Paulo, le CEGEASP, du coup il n'y avait plus énormément de monde... En plus, la majorité des cammioneurs à qui j'ai parlé allaient pas au nord, mais au sud. Ce marché étant assez géant, j'ai néanmoins eu le temps de faire mes repérages. Mais plus le temps passait, vois-tu, plus la nuit se couchait. Le CEGEASP est un peu dans un quartier craignos, Lapa, au nord de São. Beaucoup de favelas, voir pire, des familles entières avec 5, 6 ou 7 enfants, vivant dans des maisons en cartons sous les ponts...

Le mérite des favelas, c'est qu'au moins y'a du dur, de la brique et de la tôle. Certes la brique pue la mauvaise qualité, mais ça donne un aspect à la chose...

Les villages en cartons, on à beau croire qu'on va finir par s'y habituer, ben c'est faux. Tu sais, voir les petits jouer la d'dans à côté de leur parents qui eux ne s'amusent pas du tout, ça te tord toujours les boyaux (même si on s'habitue pas plus aux favelas, hein...).

En plus, il faut bien voir qu'en général, ces petites cases sont au beau milieu d'un traffic incessant de bagnoles et de camions, qui crachent des déca-tonnes de saloperies carboniques par jour. J'ose pas imaginer les poumons des gosses...

...

Non, on peut pas s'y habituer, pas possible... Tant mieux tu m'diras et même si on peut pas y faire grand chose sur le coup, on peut toujours le refuser...

Mais reprenons,

Donc à un moment, je me suis dit qu'il valait mieux dégager avant qu'il ne fasse vraiment sombre.
Mais comme je me suis imposé mon voyage en stop, plus moyen de reculer. Alors sur les conseils des camionheros d'hier, je suis revenus ce matin.

Eh ben, si tu voyais la vie du marché aux fruits de São Paulo par un banal matin de semaine, tu serais, disons, sur le séant. Pour rester classe...
Ouah, mais ça grouille ce truc ! T'as des odeurs... ça passe de la bonne senteur de mangue ou d'ananas ou de tout les fruits que tu puisse t'imaginer (et d'ailleurs même de ceux qu'tu peux pas imaginer); à la pire shlingueure ultra aigre de la pourriture de tu sais pas quoi...

Les camions de toutes sortes se bousculent pour aller se décharger ou au contraire remplir la barrique. Des cammetars, t'en as des beaux tout décorés, avec des fleurs, des klaxons géants, des jolies remorques, elles aussi peintes avec des trililis. T'en à d'autres, bien ravagés, qu'ont pas goûté à la saveure d'un bon coup de peinture depuis le déluge. T'as aussi les camions bien beaufs, avec les nanas peintes à la bombe sur le capot. Et puis y'as ceux qui viennent du Chili, d'Argentine, du Paraguay...

Tu les trouves tous... et ça à de la gueule... j'te jure...

Donc t'as les camions et entre eux, une fourmilière humaine qui bosse, qui sue, qui te trimballe des trucs qui viennent de partout pour les envoyer nulle part...
Les gars qui bossent sur les quais ont tous clairement l'air d'être des journaliers, avec leurs diables en bois fait par leur soins et leur frusques de clochards. Ils s'arrêtent pas. Ils en bavent, tu veux du prolos de chez prolos, ben là t'es servis. Enfin, c'est plus du sous-sous-sous-prolo quoi...

Et moi au milieu de tout ça, avec ma chemise propre et repassée, mes grosses chaussures de marche et mon jean nickel, tout ça pour faire bonne impréssion... J'aurais pus arriver habillé en pire punk que je serais quand même passé pour un marquis ! Et puis mon barda sur le dos... Mais bon, personne n'à fait attention à moi, je crois qu'ils avaient autre chose à faire...

Alors voilà, j'me suis mis en quête du graal, un camion pour Brasilia, mon premier stop avant le Para. Tu te souviens que c'est là bas que j'vais au moins ? En tout cas avant d'aller là ou tu m'auras dit d'aller...

Après avoir demandé à pas mal de gars, je finis par trouver deux camions qui vont à Brasilia ! Youpi !

J'aborde les gars, très sympas, ils me disent qu'il n'y pas de problèmes. Bon, l'un voyage accompagné de sa femme mais l'autre est seul, il me dit qu'il part demain, jeudi, autour de 11heures...

Tape m'en cinq mon pote !

Après cette introduction, ils m'offrent même à boire l'apéro du midi, du cognac et ensuite à manger avec eux -très gentils ces deux là. Je leur dit que je vais dans le Para, ils me parlent des maladies pour lesquelles il faut un vaccin, des petits malheurs qui peuvent arriver -ça je le garde pour moi (l'un d'entre eux, qui s'appel Paulo, nous montre des petites cicatrices toutes rondes qu'il a sur les jambes...lalala). Ils me brieffs quoi... On finis de manger, ils partent faire leur sieste. Rendez vous est pris, demain, même endroit, neuf heurs du mat'...

J'suis bien content tu sais...

Aller, je te laisse, la prochaine fois, je t'écrirais de Brasilia, on m'a dit que j'allais y apprendre ce que le mot "marcher" veut dire...


Ciao l'ami(e) !

§-q:)

Plop Monsieur

1 commentaire:

flacdo a dit…

bon voyage avec ton "héros de camion", j'espère que tu choisiras la destination pour laquelle j'ai voté ( tu ne sauras pas), mais l'exotique, l'aventurière, celle du "vieux qui lisait des lettres d'amour" ( là tu sais). bon vent au cerf-volant.