jeudi 20 décembre 2007

Depuis le milieu de nulle part ailleurs

Bonjourrrrrrrrr,

Bon, aujourd'hui je commence par vous conseiller hardimment (ça se dit ça ? Ah non, c'est "ardemment", tant pis c'est écrit) la lecture du blog d'un certain Sebastien Fontennelle, c'est ma principale source d'informations (pure et sans gaz) depuis quelques mois. Voici le lien :

http://vivelefeu.blog.20minutes.fr/

Un peu rude pour les faiseurs de pipis froids, mais bien sympa pour ceux qui aiment la vie !

Changement de sujet... Wouuuuuushhh !

Re-question de plus en plus classique pour vous aujourd'hui : où c'est y qu'il est passé le pépére polo maintenant ?

Réponse : au milieu de nulle part ailleurs. Oui oui...

Je suis partis hier de Puerto Madryn, où j'ai lancé un appel à la Cinquième Internationale auprès des pingouins et des baleines, pour arriver aujourd'hui à Rio Gallegos. Ville située loin, très loin au sud de chez vous, tout en bas de la patagonie. Elle est au bord de l'eau, poussée sur la côte par la pampa; si il y a des gens qui vivent ici, c'est parce que le coin est gavé de pétrole.

Le port de Rio Gallegos (Riant, non ?)

C'est le dernier bled où je me pose avant Ushuaïa... Héhé... Sacré chançouilleux va !

J'avais dit en partant de Sao Paolo que j'irais y passer noël, sans trop y croire, eh ben c'est presque fait !
Enfin, ça m'a quand même fait 18 heures de bus en plus dans les dents , oui m'sieur !
Je ferais les comptes des heures de bus que j'ai avalé depuis que je suis en chemin plus tard. Et puis aussi les kilomètres parcourus. Calculs certes quelques peu frivoles, mais bien pratiques pour se la ramener dans les soirées mondaines !

Et puis au passage, se la ramener dans les soirées mondaines, ça console un peu d'avoir gâché autant d´heures de sa "vie-qu'on-ne-vit-qu'une-fois" à ne rien faire d'autre qu'à regarder la Pampa (-"mucho pampa", me disait ce matin mon voisin de siège dans le bus, alors qu'on partageais un bon mate fait par ses soins -oui, "beaucoup Pampa", effectivement [en fait : Argentine=Pampa, si j'ai bien compris... Notez au pasage les crochets dans les parenthèses... plutôt balèse le mec, hein ?]).

Nonobstant cette petite contextualisation de ma situation actuelle, revenons plutôt à la suite de mon récit; conclus hier sur la fin de ma rando dans les Andes.

Après cette superbe marche à travers des collines de 2000 mètres, Polo, votre serviteur, s'en retournât donc, accompagné de ses nouveaux camarades Mihail et J.B, à Barriloche, station argentine de moyenne montagne...

Bref, on est repartis du refuge après avoir escaladé l'une des montagnes l'entourant. Tout ce que je peux dire, c'est que descendre une vallée par une belle après midi de début d'été, c'est plus facile que de la monter sous une tempête de neige digne des plus rigoureuses nouvelles de Jack London...

Oui, j'en rajoute, mais il paraît que d'en faire des caisses, c'est une des clés de l'accroche littérraire...

Arrivés en bas, clash, séparation : J.B ne veut pas continuer le chemin. Il préfère retourner à Buenos Aeres pour profiter de ses derniers jours en Argentine. Ok d'accord, en tout cas, Mihail et moi on est bien décidés à continuer l'aventure dans les Andes. Résultat : on perd un homme. C'est dur, c'est triste, mais c'est ça aussi l'exploration (et là, je rectifie, parceque finalement, si j'en rajoutait tant que ça, je dirais que notre copain est mort en tombant dans une chute d'eau, alors qu'il était poursuivis par un jaguar de 300 kilos et qu'on jamais retrouvé son corps)

J.B (en rouge) et Mihail. On surplombe le Lac Nahuel Huapi, depuis notre Hostel.

Du coup, on décide à deux de partir pour El Bolson, petit "pueblito" à 150 borne de Barriloche. On va pouvoir s'y reposer de notre marche en buvant de la mithril (je ne sais pas ce que c'est) et en mangent des orchidées -comme font les dieux quoi. On dit au revoir à J.B et hop on saute dans le premier bus pour le sud de là où on se trouve (que c'est galère de ne pas se répéter !)

Mihail jubile de la tournure imprévue que prend le voyage, il ne cesse de répéter :-"Puwtin de mewde !" avec son accent de yankee. Ça me rend heureux moi aussi. On se connaît que depuis trois jours mais le courant passe bien, il parle un parfait espagnol, du coup il engage la discussion avec tout le monde et puis c'est un vrai amoureux de la nature, ça me plaît.

Arrivée à El Bolson, Baaaaaammmm, paaaaff, wouaiiiiiih !!! C'est trop beau ici ! Voilà un petit pueblo entourré de montagnes majestueuses et peuplé de gens qui ont l'air content d'être là !

'fait plaisir...

Hop, on se trouve un camping, il fait beau, c'est calme. Y'a plein de chevaux en liberté dans le coin, ça pète...

Un canasson juste à côté de notre tente .
(
au passage on note que les montagnes sont roses)

On se pose, tiens, des allemands, hop ! on en fait des copains. Ho ! des français. Paf, copains aussi !
Ce qui donne au final une superbe parija, ou parilla (barbecue Argentin), je sais plus comment t'écris ça, composée de 4/5 superbes morceaux de viande de 2 kilos chacuns, arrosés de vins super bons, tout ça pour 20 pesos par tête de pipe ( 5 euros maximum le barbecue comme vous avez jamais vus ça de votre vie, sans rire !). On mange jusqu'à la mort...

C'est vrai que je n'en avais pas encore parlé, mais depuis que je suis en Argentine, je mange plutôt correc'.

Enfin un peu de repos, on sait pas ce qu'on va faire le lendemain, le luxe, la voluptitude dirait Ségo...

Et voici que le soleil se lève -comme tous les jours d'ailleurs- mais là, sur un paysage de mes rêves : le west-earn, ou plutôt le "south-earn"... Moi qui ai toujours été un cow boy au fond, j'y crois pas...

Chaînes de montagnes roses, neige en haut, marron pierres dessous et "au milieu coule une rivière", entourrée par la forêt évidemment...
- Hey ! Clint, John, montrez vous !

À côté de la tente, des chevaux, ça pourrait être les nôtres si on était y à 100 ans...
Tranquille, la journée passe et petit à petit, Mihail et moi on se met en tête de faire du cheval. Après tout, ça doit pas coûter bien cher dans le coin. Ce qui fait qu'on commence à chercher une Estancia pas trop loin où on pourrait monter en selle. Moi je dit rien à Mihail, mais la dernière fois que je suis monté sur un canasson, je devais avoir 5 ans à tout casser, c'était un poney et il s'appelait "Pomme". Et même si je m'en souviens comme si c'était hier -j'ai rarement été aussi fier de ma vie- de toute façon je sais pas "conduire" un cheval... il est ou l'accélérateur ? on met quoi dedans ? Du super ?

Et de fil en aiguille, une Estancia se présente sur notre chemin, avec des vrais Gauchos, des cow boys du sud quoi !
Ils nous disent que si on veut grimper, il faudra attendre le soir, dans l'aprèm des enfants utilisent tout les chevaux. Pas grave, moi j'attends...

Je m'assois avec le copain, à côté du doyen des gauchos, en fait c'est le grand père, puisque c'est toute la famille qui s'ocuppe des chevaux. Enfin, que les garçons. Il y a donc le pépé, il doit avoir dans les 80 ans et plus que deux dents, son frêre, son fils et les petits fils. Les petits fils sont âgés environs de 7 ans à 25 ans. Tous habillés en gauchos, les bottes santiags, des pantalon amples marrons ou blancs, qui ont l'air bien costauds, un gros ceinturon en cuir avec des décos en argent dessus (ici l'usage de l'argent est vraiment commun, il continus d'y en avoir plein dans le pays), et puis ils ont leur gilets en cuir ou en tissus, un bandana rouge autour du cou et enfin ils ont soit un large béret, soit un chapeau de cow boy classique.

La classe.
Un des petits avec son cheval.
(à un moment, le plus petit d'entre eux à du mal à tenir l'un des chevaux, il finit par le monter à cru et la bête se calme, là, le grand père est partis d'un grand rire plein de fierté ! Assez cool.)

Le temps passe, on commence à discuter avec le grand-père, il nous parle de l'Argentine, de ses racines espagnoles... C'est cool... Au bout d'un moment passé sous les arbre, je décide d'aller acheter à manger et à boire. Mihail reste avec grand père.

Quand je reviens, Mihail est partis faire une sieste alors du coup je partage mon repas, des empenadas et de la bière, avec le papi et un de ses petits fils qui doit avoir mon âge et 20 kilos de muscle de plus que moi... Le fait que je partage tout ça avec eux leur permet de faire une vraie pause dans leur journée. Alors, entre une cigarrette brune et deux lampées de bières, grand père se met à nous raconter les histoires du coin... C'est tellement bien...
Des histoires de pistolleros, qui faisaient cracher les plombs de leur colts pour des problemes de vaches, ou encore l´histoire du vieil immigré allemands qui, alors que papy était enfant dans les années 20, s'était mis à fabriquer pour la première fois de la bière dans le coin... Il me montre l'endroit où le gars vivait alors, c'est juste en face de nous, il n'y a plus rien maintenant... Ouah, c'est trop génial...
Le petit fils qui est avec nous à l'air de connaître tout ça par coeur, du coup il tape un roupillon entre moi et l'grand père...
Et puis vient l'histoire, la vraie, celle qui est trop chouette... Je comprend pas tout, mais je sens que c'est important... Un jour, alors que mon papy était encore jeune, vint au village une jeune fille, superbe, Marie Hélèna, elle immigrait tout juste de France, parlait parfaitement espagnol et était désigné pour devenir l'institutrice du village...

Là, j'écoute le vieux et je me dis, non, il confond sa vie avec un vieux west earn de Ford, c'est dingue...

Parce que le truc, c'est que, de cette jeune femme sont tombés fous amoureux deux frères...
Hohoho ! C'est pas vrai ! que j'pense... Il me fait le coup de la guerre fratricide entre deux cow boy. Et à l'écoute des tremolos qui se font dans sa voie, je comprend que c'est pas de la blague... Qu'il me raconte ça comme si ça s'était passé hier, que c'est son histoire...
Bref, je saute les détails que je n'ai d'ailleurs pas trop compris. La fin de l'histoire, c'est que Marie Hélèna à été contrainte de retourner vivre à Buenos Aires et qu'elle à finis par y mourir, à 42 ans, me dit-il...

Silence.

Alors là ! si on m'avait dit qu'un jour, un vieux cow boy me raconterais un truc si beau, sur l'amour, la vie et la mort, d'autant plus beau que c'est dit par quelqu'un comme lui, je l'aurais pas cru ! Tout ça en mangeant des empanadas aux artichauts et en buvant la bière du coin, à l'ombre des arbres, près d'un ruisseau où des gosses jouent, non mais ! N'importe quoi ! C'est trop quoi ! D'autant plus que de mon côté ça n'est pas de tout repos à ce niveau là, ces derniers temps... il me réchauffe le coeur comme il peut pas imaginer... Ce que je me dis, c'est qu'aussi injuste soit la vie parfois, elle reste d'une beauté à toute épreuves et rien que pour tout ça, eh ben, c'est déja pas mal...

Enfin... Woualala !

Et voilà, on à finis la journnée à dos de cheval, au frais de la princesse, le papy aimait bien ma trogne et surtout mes oreilles, je crois.
Au final, il me choisit mon cheval éxprès, il me regarde bien et... il en prend un terrible ! Un noir aux pieds blancs, il s'appel "Julio", comme mon troisième prénom "jules"... Tous me disent que celui là il est "lindissimo" -magnifique.

Noël.

"Julio"

J'ai plus aucune apréhension, Mihail (qui a fini par revenir) me brieff vite fait sur la marche à suivre pour diriger Julio et le reste va tout seul, j'aurais jamais crus que c'était aussi simple... Cataclop, cataclop, on monte en haut de la montagne, le soleil se couche, tout est rose, "Polo the kid" en peu plus de bonheur et de se répéter:
-"Tu est en train de réaliser un de tes plus grands rêves de gosse !"

Héhé !

Voilà, voilà,

J'crois que j'ai pas trop mal rattrappé mon retard là, même si j'ai pas pus parler du "trans patagonie", le train qu j'ai pris pour retourner sur la côte. Tant pis, ce sera pour la prochaine fois !



Mihail et le jeune gaucho qui nous guidait pour chevaucher.

2 commentaires:

Sonya a dit…

Comme ça fait du bien de te lire... et de suivre tes pas, loin, très loin, vers l'horizon de ton exil.
Suis heureuse de savoir que tu vas bien, cher cousin.
N'en oublie pas la raie de la vache dans quelques mois...
Mille Bises, et belle année, fort bien annoncée, à toi.

Marc Lacoste a dit…

mortecouille.